• Retour à L'Est ...Suite

    Retour a l’Est (Suite)

     

     

                            Après cet agréable moment du petit déj dans le cockpit la matinée se passe sans élément particulier le moteur ronronne et fait aller l’équipage ; je termine un bouquin, profite de la quiétude que m’offre l’Océan, les heures s’égrainent sans précipitation. Pour fêter les 24 heures en Mer une bande de dauphins vient à l’étrave d’Exocet pour se jouer de l’onde que génère la coque en avançant sur une mer claire comme du cristal mais que jusqu’alors je pensais vide de toute vie. La ligne à l’arrière du bateau traine un Rapala (faux poisson sensé leurrer les vrais qui doivent venir mordre et se faire prendre, mais le leurré n’est pas celui que l’on croit il appartient à l’espèce d’hommo-erectus sapiens. La moyenne sur les premières 24 heures est de 4,7 Nds donc légèrement inferieure à la prévision mais de 0,3 Nds il n’y a pas à se mettre à pleurer, d’autant que les conditions sont plus que bonnes seul le vent fait défaut, à ce propos ne dites jamais sur un voilier : oh ! J’aimerais plus de vent car, qui sème le vent récolte la tempête. Les dauphins ont joués un long moment devant Exocet c’est moi qui me suis lassé de tapoter sur la coque, de sifflet pour exciter leur curiosité, c’est un spectacle ravissant que de voir cette bande se croiser, se passer sur les uns ,sous les autres, aller à un ou deux mètres du bateau pour revenir de plus belle avec force, rapidité, précision, pour reprendre le jeu où ils l’avaient laissé. Allongé sur le pont les bras à l’extérieur du bateau sifflant tapant sur la coque et se remplissant les yeux et la boite à émotion à ras bord. Merci les dauphins revenez quand vous le voudrez.

    Il est 15 heures et le vent donne les premiers signes de son réveil bien tardif. J’ai une pensée pour Jeanne ma grand-mère qui disait le vent est comme les demoiselles il tarde à se lever. La formule était en patois mais je devrais dire en langue d’Oc, je l’ai dans mes souvenirs mais ne saurais pas la redire, qu’il est dommage de nous avoir coupé de nos racines pour ne parler qu’un français qui à l’heure des textos, du verlan et autre barbarisme se porte bien mal.

    Tout le monde sur le pont, paré à la manœuvre crie le bosco à son équipage en un seul homme. A hisser la grand voile, hissez. A dérouler le génois, déroulez. A border les voiles, bordez serré. A mettre au clair les manœuvres. Le moteur lui ne se laisse pas avoir à toute cette agitation, il est la tranquille, il a envie de leur dire a tous ces excités de la manœuvre : vous vous affolez bien pour peu de chose, je suis seul à faire aller le navire, et vous ne vous passerez pas de moi soyez en sur.

    La vitesse se ressent bien un peu de la différence, mais juste un peu. Un demi nœud, puis trois quart de nœud, et deux heures plus tard le génois est roulé il venait à contre se bloquant contre le mât et générait un frein au lieu d’un accélérateur. Le moteur se pouffe de rire dans la salle des machines je l’ignore pour qu’il ne prenne pas la grosse tête, je laisse la grand voile haute mais bordée à plat (plus que cela ça peut pas) mais elle est là en vacances elle respire tranquillement du guidant à la chute en de amples respirations aussi lentes que profondes.

    (Guindant partie de la voile contre le mât, chute partie de la voile qui va du haut du mât au bout de la bôme).

     

    Le jour bascule par delà l’horizon dans l’Ouest, le soleil devient une boule rouge incandescente, il touche les flots là bas sur l’horizon, coule en quelques instants, pour me dire à demain surement il m’offre le rayon vert le plus fluoresçant qu’il m’est été donné de voir. Une splendeur que je n’ai pu partager avec personne. Cet astre si gros si grand qu’il est difficile pour un humain de le décrire qui apporte en plein milieu de l’Océan pour un matelot courant sur la Mer ce signe de vie.  Il m’a dit je sais que tu es là, voila ma façon de te le dire. Un flash, un néon qui envoie un rayon pour manifester sa présence, sa vie son éternité. De nos jours cela fait sourire de savoir que nos anciens, Égyptiens, Mayas, et tant d’autre culture avaient pour le soleil du respect de l’adoration, et ci c’était eux qui avaient raison ?

    20 heures je déroule le génois sans bruit, en catimini l’air de ne toucher à rien pour contrarier personne, mais j’y crois qu’a moitié et encore pas une grosse moitié. Comment une moitié peut être grosse ou petite, j’ai du passer à côte de quelque chose, une moitié ne peut être grande ou infime une moitié c’est une moitié. Vous connaissez très surement la réplique de César et Marius pour confectionner une boisson. Bon disons que je ni crois pas en plein et ce sera la conclusion. A une heure du matin génois et grand voile s’entendent comme larrons en foire, le premier capture les filets d’air,  les concentre, les accélère, les envoie à la grand voile qui s’enorgueillit de faire le boulot mais GG n’est pas dupe pour autant, il sait que sans lui madame la grand voile, ne saurait pas comment faire le tri  entre les filets à faire passer d’un côté, et ceux qu’ils ne doivent pas venir embêter  ces premiers, chacun croyant que c’est à eux seul que l’on doit la vélocité de l’équipage. Dans un chemin, montant, sablonneux, mal aisé, de tous côtés au soleil exposé…Je ne site pas plus loin monsieur de la fontaine vous connaissez.

     

    De cette union des voiles qui se marie c’est à n’en pas douter l’origine du voile que porte les jeunes filles le jour de leurs épousailles !! La fatigue ce fait sentir voila que je déraille ; ou que je dérive serait plus approprier, de cette union donc la marche du bateau trouve un bénéfice et la vitesse se stabilise au dessus de 5 Nds alors que je viens de mettre la poignée des gaz du moteur sur la position neutre. Personne ne rechigne je coupe le contact le silence reprend tous ses droit, Exocet en silence taille sa route s’est un régal de naviguer sous un ciel constellé d’étoiles, (mes pensées aux habitants d’Etoile, Etoile sur Rhône, commune proche dans le sud de valence dans la Drôme).  La lune dans la première partie de nuit se laissait voir pour partie, mais passé minuit plus de lune, elle court âpre le Soleil la coquine, elle me laisse le ciel intact avec ses lumières qui vont de la veilleuse pour bébé peureux, jusqu’au spot de cinéma, sur toute la gamme des brillances,  comme je serais content de mettre un nom à quelques unes de ces  filles de la nuit que sont étoiles, planètes, et constellations.

     

    Je contrôle la vitesse pendant une demi heure, cela donne 5 Nds heure alors ou continue, il ne faut pas changer une équipe qui gagne. Un cargo vient vers Exocet, je le surveille avec tous les moyens du bord, à 3 h 30 le « Bonar Pluto » vas couper ma route par devant mais sans risque. A 5 heures c’est le « Lone » qui à son tour passe au devant de l’étrave. Ce n’était  pas les deux seuls bateaux dans les parages mais les autres passaient plus au loin sans même que je ne les vois tous. Maintenant c’est plus calme j’ai plus personne dans un rayon de 30 milles.

    6 h 45, le vent fait défaut, en s’affaiblissant il ne me permet plus de faire la route. Contact, Start, en avant lente, l’hélice répond le bateau vibre, vibre non, frissonne plutôt. Il me reste encore à courir 55 milles pour arriver aux abords de Graciosa cela ne ferais  arriver juste avant la nuit au mouillage car le point d’arrivée n’est pas pour autant le mouillage. 8 heures une voile dans le lointain, puis plus tard plus dans mon axe, un moment encore et ce bateau non identifié est sur mon tribord il ne va donc pas sur Graciosa. Un peu plus tard la mer est lisse comme la pomme de la main, mais la houle est encore présente mais c’est le confort absolu dans le bateau et sur le pont. Un choc sous la coque comme si quelqu'un m’avait lancé une pierre « Toc » je sors de ma lecture observe et découvre dans le sillage à 1 mètre sous la surface une tortue que j’ai surement sortie d’un sommeil profond et qui en surface rêvée de se faire un repas de méduses. Une Tortue j’en suis certain mais ne me demandez pas sa race ou son sexe je suis incapable de dire, seul sa taille de 40 Cm environ peut être donné en précision. Pardonnes tortue, je ne te voulais aucun mal.

    11 heures 18 minutes, Terre, terre en vue droit devant, Nous ne sommes pas perdus, les ondes du téléphone Gsm n’arrive pas encore, il faudra attendre pour faire parvenir la nouvelle, alors que le téléphone satellitaire Iridium lui est en vacances ! Il serait pourtant le bien venu à bord, son emplacement est désespérément vide en son attente.

    Exocet sent l’écurie il allonge la foulée, le vent lui donne un coup de main, le moteur peut être mis au repos. La navigation est superbe, je fais du rangement, m’occupe, me restaure, renvoie les pavillons, l’Espagnol à tribord comme l’exige l’étiquette maritime. A bâbord je hisse le pavillon de Port Camargue, avec fierté d’être l’un de ses nombreux bateaux partis de mon port d’attache, pour courir la Mer avec un objectif lointain, pour contraster avec les bateaux qui pour des raisons diverses, qui se respectent restent  au ponton, ou ne font que des escapades dans la baie. Cela faisait bien des années qu’Exocet était de ceux la. Le pavillon national, notre bannière tricolore, elle flotte à la poupe du bateau sur sa hampe.

     

    A quelques encablures de la passe entre l’ile Alégrannza et la Montana Clara le vent fraichit franchement et vient de l’axe de ma route je ne veux pas me mettre à faire des bords au louvoyage peu rentable en temps et de plus entre deux îles que j’aborde pour la première fois. Je roule le Génois, le moteur est sollicité encore une fois, la grand voile bat dans le vent, je prends le premier ris, la Mer Blanchit le clapot se forme les embruns montent à l’assaut du pont. Je passe au large de la punta Gorda me tiens au large mais donne des degrés à la barre le vent arrive par le coté et aide à la marche d’Exocet. Passé la Punta de Pedro Barba, je suis vent arrière le calme revient, je rentre au port pour le reconnaitre il est pas bien grand, mais bien plein, cela ne me dérange pas je n’avais pas l’intention de m’y amarrer préférant le mouillage de Playa Francesa au sud de l’ile, où je plonge l’ancre  dans 8 mètres d’eau limpide sur un fond de sable de bonne tenue, que vouloir de mieux, elle n’est pas belle la vie. Cette phrase était le leitmotiv sur « Maurdane » bateaux amis où nous avons navigué le mousse et moi avec bonheur, ici aux Canaries notamment il y a quelques années.

    En quelques chiffres :

    Durée de navigation : 50 heures

    Nombre d’heure de fonctionnement avec le moteur : 33 heures

    Pourcentage de fonctionnement au moteur : 66 %

    Distance sur la route directe : 279 milles

    Moyenne : 5,58 Nds c’est mieux que prévu.

     


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  • Commentaires

    1
    yves exocet
    Jeudi 27 Septembre 2012 à 08:19

    je n'ai pas choisi le scorpion par azart pour illustré le texte mais parce que le webmaster et de ce signe, et j'en profite pour saluer tous les natifs de ce signe.

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