• Cap ouvert sur le Cap Vert 2

     

    Cap ouvert sur le Cap Vert.

    deuxième partie

      

     

    A 5 heures du matin, je note une timide reprise du vent, mais j’attends pour remettre sous voiles que cela se confirme, pour ne pas manœuvrer pour rien de nuit de plus. Je n’ai pas perdu Rusée de Jersey de toute la nuit, avec le moteur, cela m’était bien plus facile de calquer ma vitesse sur la sienne.

    6 heures 45, avec le jour naissant, le vent bien que timide est bien là.

    Mon anémomètre indique 10 Nds de vent de derrière plus ma vitesse de 5 à 6 Nds. il y a 15 Nds de vent dans la bonne direction, cela recolle avec les prévisions. Je rétablis une voilure, en gardant bien en dessous que ce que pourrait supporter Exocet, mais encore pour garder le contact avec Rusée je ne dois pas toiler de trop. Avec le jour je peux me rapprocher de mon compagnon de route, pour voir comment la nuit c’est passé pour eux. J’ai la vitesse pour le faire et de plus je peux tangonner le Génois au vent. Il travaille mieux, le bateau est plus confortable. Un Tanker que je vois venir vers nous depuis bien des milles avec l’AIS va nous croiser et cela va me permettre de mieux pouvoir déterminer la distance qui me sépare de Rusée.

    Le  « Gréta Selmer » passe à 4,3 milles  d’Exocet au moment où Rusée est entre nous donc je peux estimer la distance qui nous sépare à environ deux milles.

     

     

    Le point de la situation après 24 h de Mer me donne 120 milles parcourus, 680 milles de mon atterrissage sur l’ile de Sal, nous sommes à 100 milles des côtes Africaines, nous avons tenu les 5 Nds de moyenne c’est peu pour Exocet avec les conditions que l’on avait.

     

    Fin de matinée le vent faibli, je prends un bain à la traine du bateau, en m’accrochant a un long bout que je ne dois  pas lâcher bien sur, cela fait un massage tonifiant excellent.

    Le « Cape glory » passe à 9 milles de moi sur mon tribord, la aussi c’est l’AIS qui me donne l’information, la technique a du bon car de visu je ne distingue que quelques espars qui doivent être des mâts de charges ou des grues mais je ne peux le préciser, alors de la à lire un nom.

    A 13 heures  je remets le moteur le vent fait encore défaut mais la Mer elle est bien formée, il doit il y avoir du vent pas bien loin pour lever une Mer comme cela. Un contact en VHF avec Rusée me permet d’apprendre les soucis auxquels ils ont fait face, mais maintenant tout va bien à  leur bord, c’est Karl le jeune et sympathique équipier qui est à la barre pour le plaisir de faire courir le bateau de vague en vague, en essayant de franchir ces bosses qui couvrent l’Océan en privilégiant les cols plutôt que les sommets.

    16 heures 15 je coupe le moteur il y a de nouveau les 10 Nds de vent qui sont le minimum syndical sur cette Mer pour Exocet.

     

                          Rusée de Jersey manœuvre aussi je vois la chaussette du spi qui est hissée, mais le spi ne sort pas de ce carcan, pour quelle raison ? Finalement c’est le génois qui fleurit dans le triangle avant de mon compagnon de route, et comme pour Exocet, le tangon est en place, pour obliger la voile à rester tendue pour prendre le maximum de l’air de ce faible vent.

    La fin de cette après midi se passera ainsi, nous naviguons de conserve à peu de distance l’un de l’autre. A la tombée du jour les feux de navigations étant allumés je peux voir où est mon acolyte, du moins dans quelle direction, pour la distance l’évaluation est plus empirique et moins précise. A

    u milieu de la nuit le vent ayant un peu forci et aussi légèrement modifié sa course dans un mouvement de roulis qui est du à la Mer houleuse que nous subissons, la grand voile empanne brusquement, bien sur comme c’est le cas lorsque l’empannage n’est pas contrôlé c’est violement qu’elle passe d’un bord sur l’autre. La retenue de bôme que j’avais en place n’a pas su éviter cet empannage et elle c’est bloquée dans une poulie, je me mets au travail pour remettre les choses en ordre ce qui me prend un moment mais je ne constate pas de casse alors, file Exocet, file.

    Rusée est derrière moi pas très loin mais un mille ou un mille et demi surement.

    A quatre heures du matin je note sur le livre de bord, le levé de madame la Lune, le vent est bien établi et si ce n’est que la Mer est bien forte pour le vent que l’on a, tout est parfait pour naviguer.

    Au jour naissant, je prends un ris dans la grand voile pour que Rusée puisse revenir un peu sur Exocet.            

    A 9 heures je note qu’il est dans mon sillage à 1 mille environ mais le vent lui prend un peu plus de force et à nouveau la distance qui nous sépare augmente peu à peu. Je fais empanner la grand voile et enlève le tangon du génois pour ne pas aller trop vite mais en respectant un angle de sécurité avec le vent pour ne pas avoir de risque d’empannage intempestif et involontaire qui avec la Mer forte et croisée n’est pas évident. Par deux fois la retenue de bôme a cassée dans des empannages involontaires.

    11 heures 20 je note que Rusée est bien revenu sur moi et il coupe mon axe à 300 mètres environ je vais avoir plus de facilités à le contrôler, c’est ce que je crois alors. Je ré-empanne pour me mettre sur la même amure que lui, je prends un deuxième ris dans la grand voile et tangonne le génois au vent.

    A 16 heures nous nous sommes encore écartés l’un de l’autre il doit être à 5 milles d’Exocet par le travers à tribord je ne peux pas modifier ma route sans à nouveau faire un empannage mais j’imagine que c’est lui qui va revenir sur la route aussi j’attends.

        (Les routes du Cap Vert sont Pavées.)

     17 heures et 17 heures 15 je tente de le joindre en VHF (radio) pour connaitre ses intentions avant que la nuit n’arrive, mais je n’ai pas de réponse, pour quelle raison ? Vas savoir il se peut qu’il est coupé son poste volontairement ou accidentellement. Je ne peux savoir, la nuit s’installe et je ne vois pas son feu de tête de mât pourtant bien haut au dessus de l’horizon.

    20 heures j’inscris sur le livre de bord le franchissement du tropique du Cancer.

    La nuit est noire comme de l’encre, la mer est remplie de phosphorescences que les vagues et le sillage d’Exocet procure en brassant le planton qui s’illumine de reflet jaune et vert fluo. C’est un spectacle merveilleux, constamment renouvelé.

    J’aperçois une lueur au delà de l’horizon, je n’ai rien sur l’AIS ? Plus tard je vois un feu rouge sur mon bâbord, comme le dit le moyen mémotechnique, Rouge sur rouge rien ne bouge, mais c’est un gros cargo il devrait apparaitre sur mon écran de L’AIS.

      

    (Photo Un Spot de prédilection pour le kitesurf.)

    7 heures le matin le jour s’installe, le vent est resté stable toute la nuit, cela continu, je suis un peu sous toilé pour le vent que j’ai, mais je caressais ainsi l’espoir de revoir Rusée, ou de l’entendre en VHF mais non  je ne le reverrais plus de la route qu’il nous reste à courir. Je mets de l’ordre dans le bateau, fais un peu de ménage, prépare mon troisième repas de bonite, comme je l’ai toute profitée, je mets à l’eau la ligne pour si possible reprendre un poisson.

     


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