• 10 Cap sur Majorque

     chapitre10

     

    Cap sur Majorque


     

    Nous sommes le mercredi 13 juin, il est 13 h 30 et nous appareillons pour rejoindre les Baléares, avec comme objectif soit le nord de l’ile, soit l’Ouest ce qui me parait plus crédible en vue de la météo que nous devrions avoir. Nous établissons les voiles dans le premier bassin du port pour pouvoir le faire plus confortablement car la Mer est assez formée et le vent souffle à une 15éne de nœuds. Nous établirons donc avec un ris dans la grand voile et deux ris dans le génois. C’est la voilure du temps comme le disent les voileux. Le bateau file sur le plan d’eau du port et embouque la sortie où la houle nous accueille aussitôt, mais avec la vitesse cela n’est pas désagréable. Ce qui l’est moins c’est que nous avons un cap qui ne nous emmène pas vraiment où nous le voudrions. C’est de peu que nous arrivons à nous écarter suffisamment pour passer non loin de la digue du bassin de commerce d’où sortent les grands navires qui eux ne semblent pas être intimidés par cette Mer clapoteuse et houleuse, vue leurs dimensions, nous les verrons affronter la Mer gaillardement. Trois autres de ces mastodontes sont au mouillage en attente soit de rentrer au port soit de partir pour une mission à travers le monde. Un autre au loin fait route vers nous. Si le vent reste comme cela nous faisons route sur Valencia bien loin de mon objectif le plus Ouest de l’ile de Majorque mais pour le moment rien à faire d’autre avançons ce qui sera pris ne sera plus à faire.

    Plus tard dans l’après midi la mer s’arrondie un peu, le vent molli nous permettant de lâcher un ris du génois puis le deuxième la grand voile sera soumise au même régime avant de ne devoir nous faire aider du moteur pour que le bateau ne soit pas la merci du résidu de houle qui nous fait battre les voiles, mais nous ne pouvons pas encore faire notre route idéale, Avançons, avançons, la nuit peu à peu s’installe avec elle le vent est presque complètement tombé, sans faire de bruit. Le moteur ronronne et nous permet de mettre le cap sur l’ile de la Dragonnera qui se trouve sur la pointe ouest de Majorque.

    Nous n’avons pas pris un tour de quart et c’est un peu au petit bonheur la chance que nous nous relayons à la surveillance de notre route la barre elle est assurée par le pilote automatique qui fait suivre précisément au bateau le cap que l’on lui donne mais ne sait pas éviter un danger quelconque aussi une veille doit être effectuée, nous sommes aidés pour se faire de deux aides électroniques. La première est le système A.I.S qui par l’intermédiaire de la radio VHF nous donne les éléments qui nous permettent de savoir quels bateaux sont dans nos parages. Un petit écran nous indique un nom, une distance, et un gisement soit le cap dans la direction où est le bateau par rapport à nous, mais tous les bateaux ne sont pas ainsi identifiables. Nous avons aussi un appareil qui nous indique lorsqu’un radar est en fonction dans un rayon variable en fonction de la puissance du radar et aussi de tous les facteurs qui contrarient ce système, la houle, la mer, le temps etc...

    Mais reste les autres bateaux qui ne sont pas soumis à l’obligation du système AIS ou qui sont en panne ou leur émetteur éteint, et ceux qui n’ont pas de radar ou qui n’est pas en fonction, mais une grande partie des dangers sont ainsi détectés avant que la situation soit dangereuse.  Il faut rester attentif à tous autres rencontres. Une observation sur 360° de temps en temps ou en permanence selon les conditions de visibilité cela est variable mais les rencontres de nuit sont plus rares que de jour, beaucoup de bateaux sont au port la nuit pour les petits bien sur les grand bateaux eux naviguent tout autant.

    A tour de rôle, nous faisons les écureuils, cela veut dire que nous sortons la tête du bateau pour faire une observation puis retour à l’abri à l’intérieur. Cela est vrai pour moi qui à l’habitude mais Régine elle reste les yeux fixés sur l’horizon jusqu’à en tomber de fatigue. C’est une des raisons qui m’ont fait faire le choix d’une route ou les navigations de nuit seront rares ou inexistantes, serait été le cas si nous étions partis le lendemain au matin, nous aurions tout fait au moteur mais de jour. Ah si l’on savait…

    Au petit matin un choix est à faire, nous sommes plus prés de Porto Soller que de l’ile de la Dragonera qui ne serait pas la fin du trajet. Je fais la proposition au mousse qui opte pour le premier choix, est c’est donc sur le mouillage de Porto Soller que le cap est mis et qu’Exocet se dirige à bonne allure sur une Mer qui est maintenant calme sans vent et plus on approche de la côte plus cela est vrai les petits bateaux de pêche, professionnels et plaisanciers sortent les uns derrières les autres et se dispersent sur le plan d’eau.

    Il est 8 h 30 quand l’ancre plonge dans la grande rade que forme porto Soller Nous nous reposerons là jusqu’au dimanche, ou se jouera un autre épisode du périple d’Exocet.

    En trois chiffres, la traversée aura durée 19 heures, le moteur lui aura fonctionné 3 heures, vive la voile, le tout à une vitesse de 5 nœuds de moyenne sur la route directe. Mais nous avons bien un peu rallongé en faisant un bon arrondi du au vent et à la Mer.

    Les anglais disent, ditons que le bateaux à voile est le plus cher des moyens de transport, le plus lent, le plus inconfortable pour aller d’un endroit où l’on n’est pas mal, à un autre où l’on a rien a faire. A méditer


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