• La traversée vers les Antilles 6

    La traversée vers les Antilles.

    Après trois jour de Mer

     

    Le rythme est bien pris à bord d’Exocet, les équipiers sont bien à l’aise, ils ont pris leurs marques il n’y a plus de question du genre, (ou mets tu la retenue de bôme, où est la manivelle de winch, etc...). Ils sont comme sur leur bateau respectif, les petits réglages de cap ou les ajustements sur les écoutes des voiles se font sans avoir à les demander, cela tourne rond, tout baigne.

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    Je laisse donc pendant de long moment Pierrot et Didier sur le pont à profiter de la Mer, du soleil qui nous escortent, du balancement que la houle de l’Atlantique impulse à notre monture. Je suis à la table à carte, note les petits événements, prépare les repas en variant les accompagnements du poisson qui est à la carte à chaque repas.

    16 h 28 ce jeudi 6 décembre, je reçois un texto de Régine qui me communique la position d’un ami de rencontre le sympathique Canadien de Rusée de Jersey, qui lui est parti de Mindelo au nord Ouest du cap Vert deux jours avant nous, il est logiquement bien en avance sur nous, nous ne pourrons pas le rattraper car il se dirige lui sur Grenade plus au sud que notre destination. Ce message m’apprend que sa bôme est cassée, et qu’il navigue sous Spinnaker. J’aurais aimé avoir en plus son cap et sa vitesse, pour tracer sa route sur la carte sur laquelle je pointe chaque jour à 13 h TU la position d’Exocet.

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    19 h 53, Deux poissons de plus ont rejoint leurs congénères dans le froid du congélateur qui ne congèle pas mais qui est bien froid tout de même. Le N° 1 est un Wahoo de 900 g le N° 2 une Daurade coryphène de 2 Kg 900, une belle pièce. Le Wahoo poisson qui ressemble de forme au barracuda sera cuisiné à la sauce américaine pour le soir même, aussi bon que des langoustes préparées de cette façon, un peu de riz servi avec, un rosé de Beauvoisin pour couronner le tout cela nous a fait un excellent repas de fête.

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    Mous nous sommes décalés d’une heure, à notre heure du bord qui diffère de l’heure officielle T.U pour plus de confort, et pour anticiper le décalage horaire de la Martinique que nous ne voyons pas encore vous vous en doutez bien, mais qui est la devant notre étrave. La journée a été belle, pas de grain, du vent, et nous avons entre aperçu le soleil par moment.

    Vendredi 7 décembre 2012. 5 h 50 nous empannons la grand voile, ainsi que  le génois que nous tangonnons sur l’autre bord. Le vent oscille aux alentours de 12 nœuds, nous avançons à plus ou moins 6 Nds, le vent réel fluctue proche de 20 Nds. La Mer est bien formée et la houle qui l’anime c’est bien arrondie. Nous sommes bien sur la route, tout est au poil, sur Exocet.

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    Avant de ne faire le point dés 13 heures, nous manœuvrons pour hisser la grand voile entière, puis pour établir le spi avec la chaussette que Didier a convoyé avec d’autre matériel depuis la métropole, cela a été un peu laborieux mais le spi porte bien, Exocet se dandine de bonheur au fil des vagues qui nous rattrapent encore.

    La chaussette de Spi c’est un long étui en tissu d’où son nom, qui enserre le spi de manière à ce que celui-ci ne puisse pas se déployer au vent avant que nous le voulions, ce que nous ferons une fois en haut du mât, en tirant sur un bout qui remontera la chaussette permettant au spi de s’ouvrir, pour redescendre le spi, la manœuvre sera l’inverse, le bout sera tiré cette fois vers le bas renfermant le spi dans la chaussette et le tout reviendra sur le pont en sécurité. La manœuvre est un peu plus complexe mais plus sûre surtout en équipage réduit ce qui sera le cas dés que mes copains auront terminé l’escorte d’Exocet et que je naviguerai seul.

     

     

    13 H.      Point. A 96 Heures de Mer :

                    Pos :      15°31’ 92 N         31° 24’ 25 W

                    Distance parcourue :     147 milles en 24 H

    Distance parcourue :     605 milles en tout depuis le départ.

                    Moyenne / 24 H :            6,12 Nds                 

                    Moyenne cumulée :      6,30 Nds

    Le vent est à 7 Nds Exocet trace sa route sur le cap 280° à 6 Nds.

     

    13 h 45 Didier m’appelle : Yves le spi est à l’eau ! Je sors est en effet le spi ne tire plus Exocet mais flotte en surface des deux côtés du bateau encore retenu par les écoutes. Sans avoir à dire un mot, nous sommes tous les trois en train de remonter à bord cette voile, qui commence à vouloir chaluter, et à se remplir d’eau, ce ne fut pas facile, loin de là, mais rapidement le spi est sur le pont en vrac, plein d’eau, la chaussette tout pareil. Le constat est vite fait le nœud du mousqueton s’est défait.  J’avais en attendant mes équipiers à Praia coupé quelques centimètres de la drisse qui était un peu usée, j’avais cautérisé le bout pour éviter qu’il ne s’effiloche et refait le nœud de tête de capucin. Un nœud tout à fait adapté à cela mais du fait de la raideur du cordage je ne suis pas arrivé à le souquer bien comme il aurait fallu, il se faisait tard à ce moment là et j’avais rangé tout pour la nuit remettant au lendemain la finition de cet ouvrage. Mais la nuit a emporté cette volonté et je ne m’en suis plus inquiété. Voila le résultat d’avoir remis au lendemain quelque chose à faire. Comme le dit les adages populaires il faut battre le fer quand il est chaud ; et ne pas remettre à demain ce que l’on peut faire le jour même.

    Cela est très vrai et s’applique toujours sur un bateau.

     

    La traversée vers les Antilles 6 

    Le spi n’a pas souffert de son bain, pas un accro, pas une déchirure, merci aux équipiers qui ont agit avec rapidité mais sans précipitation, R A S.(Rien A Signaler) la drisse elle, du fait que rien ne la retenait d’en bas, elle a disparu dans le mât. Pas envisageable de la remettre en ordre de marche avec la Mer qui était agitée, car pour ce faire il fallait aller en tête de mât, ce sera donc remis sine die, (sans savoir pour quand).

    Le seul ennui vraiment embêtant, celui qui me chagrinait le plus, est que Didier, durant la manœuvre de récupération a forcé plus que ne le voulait son dos et c’est retrouvé handicapé par la douleur. Un long moment de repos et des cachets d’anti-inflammatoires ont remis les choses en ordre rapidement. C’est encore heureux car j’étais bien contrarié d’avoir sur la conscience le fait qu’un oubli de ma part était responsable de cela.

    La traversée vers les Antilles 6 

    17 heures : Moteur en route le vent nous fait défaut, la mer reste chaotique, les voiles souffrent. Le génois est enroulé, la grand voile descendue à deux ris, ce qui la rend très plate une fois bien bordée dans l’axe du bateau jouant ainsi un rôle d’amortisseur au roulis généré par la houle. Le confort y gagne en retour. Puisse-que le moteur tourne, j’ai du courant en production, je profite pour faire un pain avec la machine ha doc.

     

    L’Iridium nous a permis de recevoir un message de Sylvie, c’est du bonheur de recevoir ainsi des signes de la terre, de la famille, des amis. Plus tard ce sera Régine qui par un texto se signalera. Je l’appellerais pour voir si elle a pu avoir des explications sur le non fonctionnement de ce téléphone en mode data (envoie et réception en documents via l’ordinateur). Non ce n’est pas le cas Bruuuu!!! j’enrage.

    Le paramétrage et en cause, je feuillette les pages des menus sans voir le problème, puis le découvre enfin : sur une série de 12 chiffres où 4 zéros se suivent il n’y en avait que trois, cela ne m’avait pas attiré l’attention, qui avait rentré ce chiffre incomplet ? Bon ce problème résolu, nous pouvons à notre tour faire des texto. Il y a progrès. Pierrot fait un petit texto à Sylvie, j’en fais un à mon tour, à un bateau qui comme Exocet, arrive de Port Camargue, nous l’avons vu partir de Praia la veille de notre départ il serait intéressant de savoir sa position et les conditions de Mer et de vent qu’il a, mais je n’aurais pas de retour !

    La traversée vers les Antilles 6 

    Samedi 8 décembre 3 heures : Stop moteur, le vent que nous recevons a grimpé en dessus de 10 Nds cela doit être suffisant pour faire route à la voile. La grand voile regagne la tête de mât et le génois est entièrement déployé au vent.

    "Messieurs nous allons faire du Yachting". C’est une phrase que je dis lorsque le bateau fonctionne à nouveau sans l’aide du Perkins.

     

    9 heure 05 : Le Mer veille sonne l’alarme, l’AIS me donne une information, l’Amoha dans le 50° pour 6,5 nautique. Sur le pont, un coup d’œil, rien. Le compas de relèvement pour préciser la recherche rien encore. Les jumelles fouillent l’horizon toujours rien. Puis un moment plus tard le bateau est plus proche, il va plus vite qu’Exocet et dans la même direction, pas de risque de collision donc, mais je voudrais bien le voir de visu la visibilité me semble bonne même si cela est parfois difficile à déterminer en Mer quand l’horizon est vide. Ah ! Le voila derrière l’horizon par notre travers arrière tribord. C’est un yacht a moteur d’une bonne vingtaine de mètres qui trace sa route vers les Antilles à sa vitesse de croisière économique, 10 Nds car a ne pas en douter il est surement capable de filer 20 ou 25 Nds sans difficulté, voir plus mais la consommation de carburant serait quintuplée et les stations de ravitaillement ne jalonnent pas la route des Alizés, la route du Rhum.

     

    Un texto de Guy notre météorologue nous arrive.

                    Samedi 9       : Est/sud est     5 Nds           grains légers

                    Dimanche 10 : Est                  5/10 Nds        grains légers

                    Lundi 11        : Est                  5/10 Nds         grains légers

                    Mardi 12       :  Est/nord est   10 Nds            grains forts

                    Mercredi 13  :  Nord est         10/15 Nds        grains forts

                                                   A très forts rafales à 35/40 Nds

     

    13 H.      Point. A 120 Heure de Mer :

                    Pos :      16°14’ 23 N         36° 06’ 02 W

                    Distance parcourue :     127 milles en 24 H

    Distance parcourue :     732 milles en tout depuis le départ.

                    Moyenne / 24 H :            5,29 Nds                 

                    Moyenne cumulée :      6,10 Nds

                    Distance de l’objectif :  1437 milles

                    Estimation d’arrivée :    9 jours 20 h soit le 18 milieu de journée.

    Le vent est à 8 Nds Exocet trace sa route sur le cap 275° a 5 Nds.

     

    Il est amusant de faire des calculs de probabilité sachant que chaque jour les résultats se contrediront. Mais cela alimente les conversations en étant fort plaisant.

     A la Mer on sait d’où et quand ont est parti,

    mais jamais où et quant on arrivera.

     

     

     


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