• 09 Barcelone

     

    Chapitre 9

    Barcelone

     

      

    De Blanes, au petit matin nous quittons le port avec en prime de départ, un seau d’anchois offert par les pêcheurs. Il n’y a toujours pas de vent significatif, c’est avec l’aide du moteur encore, que nous parcourons la distance qui nous sépare de la capitale de la Catalogne. Le long de la route, nous croisons quelques barques de pêche en train de remonter à bord leur filet, nous observons avec attention pour comptabiliser leur pêche, mais nous ne voyons pas de poissons victimes du piège que représentent pour eux les mailles des longs filets posés la nuit.

    En fin de matinée nous sommes amarrés au quai des pompes de carburant et y compléter le réservoir d’Exocet. Pour avoir une facture du plein de gasoil, et demander une place au port il nous faut nous adresser au bureau du port avec papiers du bateau, assurance, passeport. Il me faut avoir une tenue vestimentaire correcte alors, un polo de la société nautique de Port Camargue vient me couvrir les épaules et le torse, un short propre complète l’équipement. Mais il faut bien un bon quart d’heure pour remplir des documents faire des photocopies etc.…

    Une place nous est attribuée pour deux nuits, le marinèro nous est proposé, je l’accepte ne connaissant pas le port cela me parait plus prudent, mais pas de soucis, les places sont larges, les darses permettent la manœuvre sans difficulté. Mais le service est compris dans le prix alors pas d’hésitation. Voila Exocet cul à quai sur une large pane bien propre et même, fleurie par les résidents qui sont assez nombreux sur la pane qui de ce fait est bien vivante et animée, cela fait la distraction.

    Je branche l’électricité, non pas que nous en ayons bien besoin, Exocet est autonome en énergie mais nous aurons de l’eau chaude si nous épuisons le ballon qui avec le moteur a bien chauffé et tiendra surement les deux jours que nous passerons ici. L’eau du quai me permettra de faire un nettoyage du pont et le complément du premier réservoir que nous n’avons pas épuisé loin de là. Nous sommes économes en eau à bord même si le programme du moment nous autoriserait plus de consommation. Normalement la wifi dessert le port mais elle est en panne, cela nous obligera à trouver à l’extérieur du port des connexions possibles, la poursuite du rayon vert se trouve remplacé par la recherche de spots wifi. Quand penserait Bernard Moitessier ?

    Il est bien l’heure de faire un petit repas à l’heure espagnole bien sûr, ce sera une friture d’anchois qui nous restaurera, mais pas agréable de faire de la friture à l’intérieur du bateau, une plancha à gaz sera la bien venue à la première occasion. Mais nous nous régalons de ces poêlées justes arrosées d’un filet de citron et un Rosé de Beauvoisin pour faire glisser. L’après midi qui était bien avancée maintenant, sera consacrée à une balade sur la Rambla, incontournable. Nous prendrons une Sangria à la terrasse d’un bistro pour touriste ni bonne ni mauvaise, surement un produit du commerce vendu au verre avec une confortable marge, mais le cadre, les verres les pailles et les sièges cela à un coût ! Allez je ne râle pas, j’avais bien voulu et en plus n’avais pas demandé le prix au paravent alors c’est ma faute.

    La Rambla je ne vais pas vous la conter par le menu c’est courue vue et revue sur nos écrans de télévision mais cela ne remplace pas d’y usée la semelle de ses chaussures de pont. Faites en autant à la première occasion je vous le conseille, mais ne vous attendez à rien de typique c’est une usine à touristes qui par ailleurs sont bien plus nombreux que les natifs. Il vous sera proposé de vous restaurer dans tous les établissements des alentours par de charmantes mais aussi charmants individus qui vous aborderont dans votre langue natale, ils ont un sens affuté pour différencier les français, des allemands ou autre anglais. Vous y verraient aussi à coup sur les statues vivantes qui pour une pièce ou un billet se laisseront prendre en photo en votre compagnie en changeant de posture à chaque cliché, terme impropre à l’heure du numérique. Des vendeurs à la sauvette seront là aussi pour vous proposer des lunettes de contre façon surement ou des éventails made in "?" mais Asie surement. Tout aussi Espagnol que ceux des vitrines et des étaux officiels mais à moindre coût bien sur. Ils sont parfaitement organisés pour les lunettes par exemple un drap doublé constellé de petites entailles pour y passer les branches de lunettes et aux quatre coins, une ficelle qui se regroupe ensemble, en un instant ce drap bien étalé par terre avec attention, sur une vive et ample traction sur le faisceau referme le drap et le transforme en baluchon ni vu ni connu. Grande mode aussi des sifflets que l’on garde en bouche et en parlant on imite les vocalises d’un oiseau ou à peu prêt, grand succès garanti pour interpeller la gente féminine…. Garanti mais sans facture.

    Bon allez y vous verrez tout cela et bien plus encore. Les rues convergentes et adjacentes elles aussi sont intéressantes, mais il faudrait y consacrer bien du temps et des pas, nous n’en ferons que quelques unes, là vous trouverez toutes les grandes enseignes connues chez nous et dans le monde entier. Je me suis amusé un moment à faire une statistique sur la clientèle : il en ressort que 85 à 90 % des clients sont des clientes ! Ainsi va le commerce.

    Sur le chemin du retour, nous faisons le détour par le grand complexe qui a trouvé refuge sur le milieu du port, très couru et animé avec l’attraction de la passerelle pour les piétons, cyclistes, rollers et skateurs qui toutes les 30 minutes pivote pour laisser le passage aux bateaux qui souhaitent entrer ou sortir du Port Viel.

    Plus loin une grande esplanade qui couvre un immense parking toute couverte de gazon en plan incliné était pleine de gens en tenue de plage sur des serviettes ou à même l’herbe rasement tondue, ils lisent, bavardent, s’offrent au soleil en posture de yoga ou se bécotent pas forcement avec des partenaires de sexe différent. Quelle époque Madame.

    Nous retrouvons Exocet bien sage, aux amarres, tranquille. Pas un reproche ne nous est fait de l’avoir ainsi laissé seul au repos. Nous souperons aussi à l’heure Espagnole dans la douceur de cette fin de journée bien remplie, de nos mêmes anchois que pour le déjeuner de 15 h, mais j’ai un peu amélioré la préparation pour plus de plaisir encore à la dégustation. Mais un seau d’anchois pour deux cela fait beaucoup, beaucoup trop. Nous en proposons à nos voisins de pane et au marinéro sans succès pourtant au marché il n’était pas plus beau ni plus frais, nous en gardons pour le lendemain avec l’idée de les faire en filet. Pour ceux qui n’ont pas ainsi intégré le frigo, ils feront le bonheur des mouettes qui sont surprises de cette d’aubaine dans un port de plaisance en plein centre ville, et de quelle ville.

    La nuit fut douce et calme au réveil c’est le bruit de la circulation qui me tire du lit enfin de la couchette,  pour cette deuxième journée Barcelonaise. Je commence par un grand tour du quartier dit de Barceloneta. Et par la promenade du bord de mer et là je ne croise à cette heure matinale que des joggeurs et des promeneurs de chien mais c’est splendide, des trottoirs de bois, des espaces de jeux pour enfants, des bancs pour les amoureux de notre Georges Brassens regretté. J’ai vraiment bien aimé, ne ratez pas vous aussi de prendre cette avenue piétonne que vous poursuivez jusqu’au port olympique plein comme un œuf de bateau en tous genres.

    De retour au bateau le moussaillon est réveillé, Nous repartirons à l’assaut des rues et avenues sans pouvoir tout faire c’est bien trop grand. Des vélos sont à la disposition des habitants à de multiples endroits, mais cela leur est réservé, ils positionnent une carte magnétique devant un scanner qui leur délivre la position d’un vélo qui attend sécurisé sur un rail où il aura été mis par un précédent utilisateur. Bien vue le système est bien utilisé car c’est par centaines que vous les verrez circuler, avec comme point noir que beaucoup sont sur les trottoirs qu’ils soient ou ne soient pas prévus pour eux.

    Des voiturettes électriques à trois roues, Jaunes, mignonnes, semblables à celle de "oui oui" d’une série pour enfants à la télé, sont elles accessibles à la location pour les touristes avec un audio guide G.P.S pour aider à parcourir la ville. Un jour de plus en escale et je me serais bien offert cette balade.

    Nous avons cherché en vain un Bloc marine spécial Espagne et Portugal qui est promotionné sur la version Française mais introuvable. Cela me fait un peu défaut je manque d’info sur les ports et les mouillages, la cartographie elle nous donne l’info mais pas aussi commode à manipuler qu’un livre. Nous avons fait trois courses et retour au bateau, pour le repas, je me suis appliqué à préparer des tapas avec les anchois mis en filet arrosé d’un filet de citron et d’un peu d’huile d’olives cela pour faire des amuse gueules bien sympa.

    Nous partons après pour faire avec Régine la balade du bord de Mer il y avait du monde, incroyable, sur les plages, sur la promenade, les nombreux terrains de Volley Ball eux aussi étaient assaillis. Un gros grain d’orage gonflait au dessus de la ville mais personne ni faisait attention jusqu’au moment ou soudainement un tourbillon, une bourrasque, une tornade violente lève des nuées de sable, emporte les parasols, les sièges de terrasses de bistro et déclenche le branle bas général, spectaculaire. Nous nous abritons comme beaucoup dans la cafétéria de l’hôpital à deux pas de là. La tempête fut aussi violente que brève, et un quart d’heure plus tard rien ni paraissait plus si ce n’est les feuilles de palmier et un tas de détritus qui jonchaient les rues. À notre retour au bateau rien à signaler pas de traces de cette apocalypse météorologique.

    Barcelone

     Au matin du troisième jour Barcelonais, nous faisons un dernier tour à pied dans les parages du port et de retour nous avons les yeux attirés par un grand mât de bateau dans le port non loin de notre pane, rouge d’un rouge identique à celui que j’avais utilisé pour peindre le mât de mon premier voilier mais quelque chose n’allait pas, il ni avait pas d’antenne, pas de girouette ni d’anémomètre, rien un mât qui finit ainsi cela m’interpelle, il est large c’est à n’en pas douter un mât pivotant mais alors ? Les quelques pas que nous faisons dans sa direction nous apportent la réponse, une grande coque rouge portant fièrement le sourire enjoué d’une vache. Oui le bateau de Kito De Pavant est là amarré comme un des nombreux bateaux de plaisance mais que fait il là loin de sa base de Port Camargue? Est il en croisière comme nous et pourquoi ce mât qui n’en est plus vraiment un? Nous aurons la réponse d’Hervé une connaissance de port Camargue qui a longtemps travaillé avec Philippe Ettore et qui maintenant fait partie de l’équipe technique de Bel le sponsor de kito.  Le bateau a subi un démâtage partiel suite à la rupture d’une bastaque. (Bastaque : élément de gréement d’un bateau qui par paires viennent alternativement reprendre les tensions du mât de chaque côté de la grand voile au niveau du capelage des voiles d’avant sur les gréements fractionnés) malgré ses explications certains resteront ignorants ce n’est pas grave chaque métier, chaque sport, chaque art à son propre vocabulaire et il faut de tout pour faire un monde.

    L’oiseau blessé rentre à port Camargue convoyé par Hervé et deux compadres, sous gréement de fortune, il est important que la météo soit favorable pour ne pas risquer malgré les précautions prises, d’aggraver la situation, bonne Mer à toi Bel et que cette avarie soit la dernière que tu connaisses.

    A midi ce jour là nous quittons Barcelone pour les Baléares et Majorque plus précisément, je vous raconterais cela un autre soir lorsque je prends le temps de taper sur le clavier les lettres, les mots, les phrases, comme elles me viennent...

     

     


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